Joost
de Jonge :
Archéologie
de la personnalité
Docteur
Robert C. Morgan
« Tout l’art pictural n’est pas
romantique, mais l’essence du romantisme est à la base de tout véritable art
pictural. » Robert Motherwell
De nombreux peintres sont en quête de
liberté dans leurs œuvres, comme l’a exprimé l’été 1967 Robert Motherwell, expressionniste
abstrait américain, au cours d’une conférence qu’il a donnée à l’université de
Harvard. À mes yeux, Joost de Jonge fait partie de ces artistes. De temps à autre,
un peintre se voit contraint d’expliquer comment il travaille. Je suis curieux
par exemple de ce que Joost dirait de sa palette, qui semble parfois immédiate
et parfois composée de diverses nuances appliquées côte à côte en traits de
pinceaux déliés. J’aimerais l’entendre expliquer pourquoi ondulations et
courbes envahissent les angles de ses tableaux, et comment la verticalité de
ses paysages oniriques, terrestres ou marins, se rapporte à l’orientation
horizontale plus conventionnelle.
La question des aspects vertical et
horizontal de l’art de la peinture a déjà été posée dès 1917 dans les écrits de
Schoenmaekers, mathématicien et mystique. L’œuvre de ce Néerlandais inspiré par
Hegel a énormément influencé Mondrian. Ce genre d’analyse et d’échange à
travers le langage parlé, et même à travers la traduction, découle de façon
toute naturelle de l’acte de peindre.
Dans certaines circonstances, il est tout à
fait approprié d’exprimer son doute, une façon de penser que les peintres en
général devraient adopter. Dans d’autres cas, c’est la langue qui joue un rôle
important, un rôle clé même, surtout quand une sorte d’opacité visuelle empêche
de saisir l’essence de ce que l’artiste tente de reproduire de façon abstraite.
Ces deux formes de nécessité d’en venir à une expression langagière (vu
l’opacité de la donnée visuelle et le doute concernant son adéquation, ou parce
qu’une certaine nécessité linguistique la sous-tend) sont acceptables. En tout
cas, le contexte de ces expressions est lui aussi crucial. Langue et doute se
renforcent mutuellement dans les œuvres d’art comme les pendants
incontournables de la présence et de l’absence, l’équilibre indispensable à la
peinture pour survivre, surtout si elle frôle les sommets, balançant au bord
d’une impulsion expressionniste, d’un rêve véritable tout juste en train
d’éclore. Lorsque le doute envahit l’artiste, ce conflit peut soit le pousser
en avant en dépit de son désir conscient, soit provoquer un mouvement de
retrait et de réflexion. Mais il se peut également que ce conflit soit sublimé
et que la peinture, avec toutes ses imperfections, soit qualifiée d’entreprise
héroïque, parce qu’elle conserve un semblant de réalité tangible et semble ne pas
exister uniquement sur le plan visuel, au milieu de notre fléau virtuel actuel,
agité et obnubilé par la vitesse, où l’excitation des perceptions sensorielles
peut malgré tout être ressentie.
Les œuvres de Joost de Jonge nous offrent
quelque chose que nous devons sentir et toucher, même de façon inconsciente et
au hasard, à savoir l’histoire des restes de la conscience humaine, la dérive
du dilemme néo-moderniste, qui
importe autant à tous points de vue que l’écho des tableaux eux-mêmes.
Ce que je trouve de si intéressant dans
l’œuvre de Joost de Jonge, c’est la difficulté de parler en termes autres que purement
formels ou théoriques de ses peintures individuelles, indépendamment du tout.
Bien que les parties soient significatives au plus haut point par rapport au
tout, le langage formel du passé est insuffisant, qu’il soit déchiffré à partir
d’une perspective américaine ou européenne. J’ai tendance à emprunter le terme
de McLuhans de « pattern recognition » (reconnaissance des motifs), ou
la métaphore insaisissable de « eyewash » (lavage oculaire), du
cinéaste Robert Breer. Ces termes sont pratiquement interchangeables dans la
mesure où ils finissent dans le même réservoir. Ils considèrent le tout comme
l’extension des parties. Chacune des peintures de Joost participe d’un motif
pixélisé se transformant en image conceptuelle, alors qu’au même moment, le
tout plus vaste culmine en une forme expressive. Personnellement, je trouve ces
termes anglais, tombés en désuétude, dissonants, voire même dissuasifs, à
l’égard des peintures de Joost. À ces moments – critiques ou rationnels – ces
termes n’offrent tout simplement pas d’accès adéquat à son œuvre. Ils manquent
leur but, parce qu’ils n’admettent pas le motif phénoménologique dissimulé dans
les replis de son art et dévoilant l’infrastructure fantasmagorique si nettement
visible dans toute son œuvre. Joost de Jonge est au-dessus de la loi. Il vit
dans une stratosphère néo-moderniste où l’art pictural se veut explicitement
présent, non pas seulement comme médium, mais comme indéniable vérité
artistique.
Et qu’en est-il de l’archéologie de la
personnalité ? Qui est la personne ? Je lis Jung et réfléchis à
l’individuation. Pour ce protégé omnivore de Freud, elle était cachée, voire enfouie dans le symbolisme de la
peinture. Pour Jung, les rêves, où des symboles sont générés qui se
concrétisent en fin de compte à travers leur passage inconscient à l’individualité,
constituent la source de l’art pictural. On pourrait dire que l’ouverture
mystique de la psyché de l’artiste culmine dans ses rêves d’individualité
perdue, dans une quête éternelle d’un centre stable. Cela peut se faire par
l’acte de la peinture, considéré par Jung comme l’art de créer des symboles au
sens le plus exhaustif du terme. Dans ce cas, le fait de peindre permet de
reconstruire les fragments du non-moi symbolique pour les faire ressusciter
dans un moi fonctionnel et holistique.
Les œuvres de Joost de Jonge concernent
l’archéologie de la personnalité (ou de l’existence) au sens donné par Jung. Elles
cherchent une vérité symbolique dévoilée dans les rêves. Elles me donnent
l’impression d’être des peintures semi-inconscientes, parce qu’elles favorisent
la naissance des symboles qui servent de vecteurs à la restructuration du moi.
Ces tableaux se meuvent en direction de l’individualité, alors qu’ils exhument
les restes du moi perdu, rassemblant les fragments d’une façon qui vivifie les
sens et dynamise la tâche à accomplir, à savoir réinventer la peinture comme
acte solitaire, loin de toutes ces choses qui distraient et épuisent notre
perception sensorielle.
Les peintures de Joost sont abstraites,
certes, mais pas abstraites expressionnistes. Et si j’ai pu suggérer la
présence d’éléments expressionnistes dans plusieurs de ses œuvres, dans
l’ensemble, ce n’est pas ce qu’elles dégagent. Elles regorgent de formes,
textures et couleurs vibrantes, mais le concept formel de surface picturale y fait
défaut. La surface à laquelle se rapportent les termes de « colorfield »
(« champ de couleurs ») et de « colorfieldpainting », est
plus américaine qu’européenne. Bien que la Hollande soit un pays bas ou plat (les Pays-Bas), à ma connaissance, cette
vaste surface n’a pas de rapport essentiel avec l’histoire de l’art pictural
néerlandais. Ceci n’enlève rien au sublime, qui est vraisemblablement ce que je
vise lorsque je parle des éléments expressionnistes de l’œuvre de Joost.
Cependant, ce sublime ne dépend pas de la surface picturale. Il en résulte que
la composition continue de jouer un rôle intégral dans ses tableaux - même si
leur mode de composition est consciemment altéré- en tout cas comme un
processus décisionnel hyper conscient et prédéterminé dans son œuvre.
On pourrait dire la même chose de son sens
du style, ou peut-être de sa négation opiniâtre du style. Chaque peinture
devient en fin de compte une sorte de minuscule rupture permettant d’éluder la
consistance stylistique. C’est ce qui fait avancer son œuvre et lui donne le
sens de l’archéologie par rapport au moi. Les fouilles ont-elles lieu tous les
jours sur le même site archéologique ? Peut-être pas. À mon avis, Joost de
Jonge est doté d’un esprit vagabond, errant d’un site psychique inconditionnel
à l’autre, en quête de nouvelles découvertes. Et s’il garde le côté matériel de
sa peinture, il le fait paradoxalement de façon éthérée, prenant explicitement ses
distances par rapport aux idéaux néo-platoniques. Ici, la transcendance ne
semble pas vraisemblable. On dirait plutôt que l’artiste flotte d’un site
archéologique à l’autre, d’un jour à l’autre, entre le ciel et le niveau de la
mer.
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Les œuvres récentes du peintre Joost de Jonge
Robert Ray Morgan, professeur de langue et de littérature anglaises Kappa Alpha, janvier 2011.
Je sais que Joost de Jonge a puisé son inspiration pour ses dernières œuvres dans la musique et la grande tradition de l’art moderne européen. Il est également stimulé et influencé par la poésie et les spéculations philosophiques. Mais je souhaite surtout attirer l’attention sur deux de ses caractéristiques, à savoir l’aspect élémentaire et inédit de sa peinture. Lorsque l’on contemple un tableau de Joost et ensuite toute une série de ses toiles, on ne pense pas un seul instant en termes d’influences ni d’écho, au contraire, on ressent une force fondamentale, une immédiateté élémentaire. Même ceux et celles qui ignorent tout de l’art occidental – par exemple des émissaires d’une autre planète - pourraient se délecter des couleurs et des formes, des contrastes et de l’inattendu, des relations et reliances internes de son œuvre, bien qu’un spécialiste ou un amateur de l’art les apprécient vraisemblablement de façon plus consciente.
Ce que j’admire le plus dans l’œuvre de Joost est son caractère immédiat, exquisément ludique, le plaisir pur de contempler ses formes solidement campées et ses improvisations chromatiques. Son œuvre est spontanée, et joue sur le mode lyrique avec les compléments et les contrastes, le grand et le petit, le gros et le maigre, et fait se heurter les couleurs, qui se détachent ou s’estompent, et les surfaces, dynamisées par des nuances surprenantes.
D’autres ont mis l’accent sur l’utilisation que fait Joost de la synesthésie, à savoir le ressenti d’une perception sensorielle par une autre perception sensorielle, comme d’entendre le visuel ou de goûter la couleur d’une forme palpable. Si Goethe décrivait une cathédrale comme de la « musique gelée », Baudelaire, lui, pensait qu’il y avait corrélation entre tous nos sens au sein du temple de la nature, et Rimbaud attribuait une couleur à chacune des voyelles. Les psychologues nous disent que la synesthésie nous touche et confère à l’art une dimension supplémentaire parce qu’elle nous rappelle nos toutes premières expériences sensorielles. En effet, les bébés n’établissent pas encore de distinction entre les sens et toutes leurs sensations sont vierges, dépourvues de nom ou de définition. La façon dont nous ressentions un son, un rayon de lumière ou l’odeur de la pluie était encore intense et pure et non déformée par l’attente ou l’habitude. Notre conscience, notre capacité à éprouver du plaisir sont issus de cette reliance originelle avec le monde qui nous entoure.
Joost a le don de dépouiller ses tableaux de toutes les attentes, de toutes les conjectures et de tout le maniérisme qui s’est introduit dans l’art au fil du temps, pour faire resurgir cette sensation primaire de la couleur et de la forme, cet équilibre entre formes et volumes, lignes et espaces. Il parle lui-même de l’étincelle qui jaillit au début de chaque œuvre, mais qui reste un mystère. Je suppose qu’il ne sait pas exactement lui-même comment il fait. Vraisemblablement, il ne veut même pas le savoir, pas plus qu’un compositeur ne veut savoir comment il parvient à trouver le son parfait, ou le mathématicien à visualiser les rapports cachés entre les chiffres. Joost sait ce qui l’inspire et qui l’aide à parvenir à cet état d’imagination qui lui permet de découvrir à grands traits ce qu’il veut créer, en expérimentant de façon ludique et souvent provocante avec les cubes et les cercles de sa palette personnelle, qu’il assemble, sépare ou dispose côte à côte.
Tel le poète qui doit puiser au plus profond de lui-même, cachée sous une épaisse couche de conventions et de clichés, son essence, l’endroit où sa voix prend sa source et toute sa force, où les mots sont nouveaux et inéluctables, comme si on les entendait pour la première fois, Joost a découvert lui aussi la voie, ou plusieurs voies, vers son noyau le plus profond, où il trouve les essences visuelles qui lui sont totalement siennes, mais en même temps reconnaissables pour tous ceux qui les voient.
Bien que son art semble avoir quelque chose que certains qualifieraient de « primitif », il est en même temps le contraire de primitif, parce qu’il est le résultat d’une consécration de longue date à l’art pictural et à la peinture, et qu’il est influencé par les autres arts, notamment la musique. Une des caractéristiques de l’art dans toute l’acception du terme est qu’il semble avoir été créé spontanément l’espace d’un instant, et qu’on ne peut pas voir tout le temps et tous les efforts qui ont été nécessaires à sa réalisation. Dans ses peintures les plus récentes, Joost semble créer un univers que nous n’avons encore jamais vu mais que nous reconnaissons immédiatement, un paysage enchanté de perceptions et cathexis accrues, plan après plan, association après association, tandis que nous suivons l’artiste dans son voyage fantastique.
Pour finir, je voudrais encore faire allusion à ce que je ne peux qualifier autrement que la sincérité de ses peintures, leur stabilité et leur immédiateté, leur intégrité. Dans chacun de ses tableaux, on sent son caractère, son assurance, sa chaleur humaine, qui cherchent à se relier au monde qui nous entoure et à une humanité qui a besoin d’une vision nouvelle et authentique.
Robert Ray Morgan, professeur de langue et de littérature anglaises Kappa Alpha, janvier 2011.
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JOOST de JONGE : GribouillisGraffitisGrandioses
par Dominique Nahas©2010
Les « gribouillis » de Joost de Jonge méritent à plus d’un titre notre attention immédiate, car ils témoignent d’une évolution considérable dans l’œuvre de l’artiste. Et si ses nouvelles peintures gardent l’éclat et la vitalité des anciennes, il y introduit d’autres caractéristiques. Contrairement à ses surfaces néomodernes essentiellement bien organisées et peintes de couleurs synthétiques fluorescentes qui, sur le plan du chromatisme, révèlent l’influence des mouvements artistiques De Stijl et CoBrA, les gribouillis de De Jonge comportent pour la première fois un élément figuratif. Cet élément permet de diviser la toile en plusieurs cadrages discrets (comme dans un split screen), comme le montrent Module 11 et Module 13, où les bandes des trois segments semblent manifester trois mondes qui coexistent tout en étant séparés. Dans d’autres dessins, les éléments figuratifs apparaissent comme de petites entités animées et flottantes, des objets tridimensionnels ou des éléments calligraphiques en 3D, souvent creusés et échancrés, apparemment en suspension dans l’espace. Ces particules, dont les segments tridimensionnels comportent des zones aux rayures régulières, ont un caractère désinvolte et comique semblant prendre son origine dans l’anthropomorphisme. Ces formes se trouvent parfois dans une zone centrale, comme dans #39 jpg, et prennent des allures démesurées, totémiques, avec des contours qui font vaguement penser au Moyen-Orient.
Le mot « gribouillis » a souvent une connotation négative et péjorative. Les gribouillis sont considérés comme des formes d’expression enfantines, provenant de pulsions instinctives, ou d’un ça débridé. Les gens « sérieux » ne doivent pas prendre les gribouillis au sérieux, car ils sont considérés comme le produit d’une énergie inculte et atavique, rapidement couché sur le papier sans réflexion préalable. Vu de la sorte, les gribouillis sont une expression esthétisée à laquelle on ne doit accorder aucune valeur intellectuelle, idéationnelle ou iconographique. Les mots « traits », « sinuosités » et « cacographie » (ou « scribble », « squiggle » et « scratch » en anglais) ont une connotation tout aussi péjorative. On l’entend d’ailleurs dans le langage : ce sont les sons grinçants produits par le corps (l’anus, les entrailles, et non pas les parties plus nobles du système humain comme le cerveau, l’esprit, l’âme). Les gribouillis, comme dirait Georges Bataille, font partie de ce qui est inférieur et bas. Ils sont le fruit d’une énergie défaillante et ne peuvent par définition être utilisés de façon « productive ». Le gribouillage est une forme d’expression grossière (et peut-être même rusée), de quiconque recherche la facilité (et évite tout effort honnête et accepté moralement). Il est impertinent et ne respecte pas les règles de la « forme significative ».
Les gribouillis de Joost de Jonge sont dotés d’une énergie revigorante donnant l’impression d’être spontanée et fortuite, comme les fautes et erreurs qui (au mieux) sont les vestiges accessoires d’un processus aboutissant en fin de compte à un but plus raffiné et noble, celui des peintures aux couleurs vives qui ont valu à leur auteur une réputation internationale considérable. Bien entendu, il n’en est rien. Ces dessins au trait, aux couleurs « fortuites », sont des œuvres d’art réalisées très consciemment, et entièrement achevées, qui correspondent tout à fait à la vision que De Jonge a développé tout au long de sa carrière. Tout comme dans ses œuvres précédentes, l’artiste explore ici les énergies physiques, mentales et psychiques qui traversent son corps tandis qu’il réalise ces dessins, dans un état de conscience non concentré, mais totalement présent au monde. Bien que la forme schématique de ses gribouillis semble suggérer un manque d’intérêt et de concentration, c’est le contraire qui est vrai. Ils témoignent en fait de la maîtrise sûre de De Jonge dans cette forme d’expression, car ils ont l’air de naître spontanément et sans effort. Ils se trouvent dans un espace de formes libres faisant penser à l’espace de Calder et de Miró, un univers plein d’énergie au caractère carnavalesque. Je ne fais probablement qu’évoquer un lieu commun en disant que toute exploration authentique de la culture visuelle naît à la fois d’une liberté ultime et d’une nécessité, et pourtant, c’est ce qui transparaît dans l’œuvre de De Jonge. On retrouve ici cette trace d’innocence indéniable qui imprègne ses formes. En 1863, le poète et critique d’art français Charles Baudelaire affirmait dans Le Figaro, dans un de ses essais originaux publiés ensemble par la suite sous le nom Le Peintre de la vie moderne, que la couche profonde de l’activité créatrice « …n’est ni plus ni moins que l’enfance retrouvée à souhait ». Baudelaire y ajoute que : « C’est cette curiosité profonde et joyeuse qui nous permet d’expliquer le regard fixe et animalement extatique d’un enfant qui découvre quelque chose de nouveau, qu’il s’agisse d’un visage ou d’un paysage, de décorations, de couleurs, d’objets brillants, ou de la magie de la beauté physique … ».
Les dessins griffonnés de Joost de Jonge regorgent de vitalité par l’interaction suggérée entre la maîtrise et la spontanéité qui naît de la conscience de l’enfant et de l’adulte fusionnées. Pour reprendre les termes de Friedrich Schelling : « …l’art reflète pour nous l’unité de l’activité consciente et inconsciente … aussi l’essence d’une œuvre d’art est-elle une infinitude inconsciente (synthèse de la nature et de la liberté) ». Ce sont ces qualités intégrantes qui sont à la base de la réceptivité de De Jonge au désir de fondre les oppositions, de les supprimer. Enfin, il est essentiel de souligner que ces dessins reflètent les explorations à la fois pénétrantes et espiègles de l’artiste dans le domaine de l’observation humaine : comment et que percevons-nous dans le monde, avec la tête et le cœur.
Dominique Nahas est conservateur de musée et critique d’art indépendant à Manhattan. En 2010-2011, il sera critique attitré à la Hoffberger Graduate School du Maryland Institute College of Arts. Il est actuellement critique invité à la Rhode Island School of Design. Nahas enseigne en tant que maître de conférences attitré de la faculté de Critique artistique au Pratt Institute et au New York Studio Residency Program.
Sa récente monographie The Worlds of Hunt Slonem est parue en mars 2010 à la maison d’édition The Vendome Press.
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L’être intuitif et sensible
La terre,
feu solidifié
aux entrailles vibrantes
encore liquides
constamment en ébullition,
animaux et hommes
pareils à la terre elle-même.
Les êtres humains ne sont-ils pas tous
les soupirs de cette boule de feu effervescente
qu’est la terre ?
Vu sous cet angle, ils lui sont
intimement liés
et chaque vie est une exhalaison
du gaz turbulent
qui se mêle aux éléments.
Le feu intérieur
n’a pas son pareil
il brûle, invisible,
dissimulé dans l’éthérisme
du nuage humain.
Ici, l’essence de l’être
est absorbée dans une forme intemporelle,
des cercles tourbillonnants et des ovales
se chevauchent comme des bulles de savon,
inexplicablement indissociés.
Tout individu
emprunte sa personnalité
à une vibration spécifique
du divin
C’est ici qu’est défini
l’espace de son esprit
qui respire et évolue
dans les couleurs qui lui sont propres.
Dans l’essence pure
qui recouvre
le monde matériel
comme un vernis transparent
l’esprit danse,
fantasmagorique.
Le feu de la terre
brûle dans l’être humain,
le sang coule,
rouge comme le magma,
dans ses veines.
Lorsque sa conscience est caressée
par les rayons d’un soleil
qui l’invite
par sa fixité rayonnante
à se projeter en avant
au plus profond de son être intime
là où l’espace est multiplié
à l’infini,
il pénètre
jusqu’au miroitement du feu
tout au moins, c’est ce qui lui semble,
et pourtant, c’est bien là
que le véritable feu
trouve son origine
et qu’il est inhalé et exhalé
comme un instant figé,
sa forme tangible,
la volonté concentrée
de l’idée de feu.
Le feu
pouvoir informe,
expression d’une volonté spirituelle,
plein de sens et de promesses
tout feu qui brûle véritablement
révèle la présence immanente
d’une autre dimension,
connue de l’être intuitif et sensible.
Joost 2009
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